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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

femmes, qu’il se vantait de fustiger, ne s’y sont pas trompées. Après les Idées de Madame Aubray, cette sensibilité rentrée éclatera en passion vigoureuse, et même effrénée, quelquefois à crédit. Car ils sont parfois crédules, ces athlètes de haute mine, au cœur secret et chaud.

Ainsi s’explique d’abord la Dame aux Camélias, j’entends le drame où Duval père aborde Marguerite d’un ton brutal et puis la bénit, où Duval fils jette[1] Marguerite à ses pieds pour la canoniser ensuite, où la frénésie d’amour et le mal de poitrine font leurs ravages, où la mort de Madeleine (voir Amaury), je veux dire de Marguerite, nous tire de vraies larmes. Et c’est le drame où l’hérédité apparaît chez le dramaturge : même hardiesse aux situations difficiles, même art des préparations, non plus rassemblées au Ier acte, mais jalonnées de scène en scène et d’acte en acte, même tension de tous les ressorts, mêmes résumés vigoureux[2] dans une scène étouffante au détour du III

  1. La Dame aux Camélias (Th., I). IV, sc. vii, p. 164 : « Écoute, Marguerite, je suis fou, j’ai la fièvre, mon sang brûle, mon cerveau bout, je suis dans cet état de passion où l’homme est capable de tout »… Et p. 166, la fin de la scène : « Décidément, monsieur, vous êtes un lâche » …
  2. « Ainsi, vous n’avez rien dans le cœur ? » — « Rien. » — « Vous n’aimez aucune femme ? » — « Aucune. » — « Pas un regard que vous cherchiez avec plaisir ? » — « Pas un. » — « Pas une main que vous pressiez avec affection ? » — « Pas une. » — « Pas d’enfant d’un premier mariage ? » — « Non. » — « Pas d’enfant d’adoption ? » — « Non. » — « Pas d’enfant naturel ? » — « Non »…
    (Catilina, II, tabl. iii, sc. x, p. 78.)


    Cf. : « Vous m’avez trompé. » — « Non. » — « Vous m’avez dit qu’elle n’était pas veuve, j’ai vu l’acte de décès de son mari. Me direz-vous que cet acte est une invention ? » — « Non,… etc. »

    (Le Demi-Monde, III, sc. xii, pp. 146-147.)


    Cf. le Fils naturel, III, sc. x, p. 157 et p. 163. — Cf. Denise, III, sc. vi, p. 217. — Cf. Monsieur Alphonse, III, sc. ii, p. 133 et passim dans ce théâtre.