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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

de ma fille… Va, va, sors… Il n’est plus temps… on monte l’escalier… C’est sa voix… C’est lui. » — Antony (se jetant à la porte qu’il ferme) : « Ciel et terre ! « — « Ah ! ah ! » — « Cette porte ne pourra résister… Mon Dieu, mon Dieu ! Comment la sauver ? » (Il la prend dans ses bras.) — Adèle (se dégageant): « Laisse-moi… Laisse… (se jetant à genoux)… Pardon ! (se traînant vers la porte)… Pardon, Frédéric ! » (On n’entend rien, ils écoutent tous deux avec transes. On entend le bruit de la clef qui tourne dans la serrure ; Antony prend son poignard et se jette au-devant.) « Eh bien, donc ! » — Adèle (se relève et le prenant au cou) : « Par pitié… par pitié, Antony, tue-moi !… Cette porte !… Ah ! tu n’en auras bientôt plus le temps. » — « Eh bien, prie. » (Une voix au dehors) « Ouvrez, madame, ouvrez, je sais que vous n’êtes pas… » (Adèle élevant ses bras au-dessus de la tête d’Antony) : « Dieu bon, Dieu miséricordieux… Pardonne, pardonne-moi ! » (Un coup plus violent enfonce la porte ; Adèle jette deux cris, le premier d’effroi, le second de douleur. Antony ouvre les bras qui la soutenaient. Elle tombe. Le colonel se précipite dans la chambre.) — Le colonel. « Malheureux ! morte ! » Antony (jetant son poignard aux pieds du colonel) : « Elle me résistait, je l’ai assassinée[1] ! »

Comparez la brochure. Depuis la crise du IV, Adèle plie sous le déterminisme de l’adultère. Le cinquième acte en est l’expression matérielle et scénique, dès les premiers mots : « Qu’est-ce donc que cette fatalité…[2] ? » jusqu’au coup de poignard, qui n’est pas un coup de folie, mais la seule conclusion souhaitable pour elle, et qu’elle implore après avoir franchi, comme un calvaire, toute la série des conséquences pitoyables

  1. Manuscrit original. V, pp. 44 et 45.
  2. Antony, V, sc. ii, p. 219.