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ANTONY.

il a poussé à bout les humiliations que dévore Adèle amoureuse et révoltée. Antony la console et la tient embrassée. La vicomtesse paraît pour annoncer que le domestique est là. Une femme restait à cette victime, une femme qui ne l’avait pas encore accablée, et qui la surprend en cette posture : et cette suprême arbitre de l’opinion, indubitablement offensée dans sa pudeur et sa délicatesse, n’est autre que la maîtresse de céans, la bonne petite amie ardente et changeante de MM. Olivier, Eugène, Frédéric et Cie. Adèle se sauve sans rien entendre. Le supplice officiel est parachevé[1], comme aussi l’acte qui fut un chemin de croix dans ce salon. De cette crise morale, de cet engagement entre la passion et la société, c’est le monde qui sort vainqueur, avec ses à peu près de vertu nécessaires.

Acte V. — Un coup de violence, comme au III Le manuscrit n’est qu’une ébauche de six pages, presque une seule scène, dramatique, passionnée, lyrique, brutale et vide. Adèle savait dès la fin du IV le retour du colonel, qu’elle n’apprend qu’au début du suivant, et de la bouche même d’Antony, dans la brochure[2]. Elle débitait un monologue quelconque, toujours fortifié des souvenirs de Sentinelli et du duc d’Albe. « Une voiture s’arrête… on frappe… on entre… Oh !… Je tremble… Fermer cette porte… non… on monte[3]. » Celui qui s’y est substitué, est un résumé de la crise ; c’est la dernière étape avant le dénoûment. Puis, Antony arrivait ; et c’était la scène unique. On en devine les

  1. Cette gradation de l’acte IV a été résumée dans le monologue d’Adèle, entièrement refait, au début de l’acte suivant (V, sc. ii, p. 219). Il commence ainsi : « Ah ! me voilà donc seule enfin ! » pour aboutir à cette conclusion : « Une amie encore, une seule au monde, croyait à mon innocence, et me consolait… Elle me trouve dans ses bras »…
  2. Antony, V, sc. iii, p. 222.
  3. Manuscrit original. Voir p. 40. Voir plus haut, p. 322, n. 3.