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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

La scène d’entrée de madame de Camps était traitée ; mais on n’y parlait que d’Adèle et fort peu d’Antony ; à peine son nom était-il prononcé. Dumas a comblé cette lacune. Adroitement, il rappelle les origines de son héros et l’acte II, acte des salons aussi. « Je serai enchantée de le voir, M. Antony ; j’aime beaucoup les problèmes. » — « Comment ? » — « Sans doute ; n’est-ce point un problème vivant au milieu de la société, qu’un homme riche dont on ne connaît ni la famille ni l’état… Sans doute ; rien n’est dramatique comme le mystérieux au théâtre ou dans un roman. Mais dans le monde ![1] » Il est visible que ce qui s’appelle le monde épie la liaison d’Adèle et d’Antony, qu’il les attend, et qu’il a toute raison de chuchoter, quand ils paraissent l’un après l’autre. Car chez la vicomtesse, qui donne des bals, et qui est du monde, se rencontrent M. Olivier, le passé, M. Eugène, le présent, et M. Frédéric, réserve de l’avenir ; ces messieurs du meilleur monde ont beaucoup d’esprit, notamment celui de ne jamais s’engager à fond et de sauver les apparences.

La scène du feuilleton est une parabase — avant la pièce à thèse. Dans le manuscrit, elle faisait horsd’œuvre ; il faut voir, dans le drame, l’habileté avec laquelle l’auteur s’en sert comme d’un moyen scénique pour atteindre Adèle par un premier coup droit. Elle demande à M. Eugène de développer ses idées. « Et vous aussi, madame, faites-y attention… Vous l’exigez, je ne suis plus responsable de l’ennui[2]. » On ne s’ennuiera pas autour d’elle, pendant cette conférence. Il s’agit des passions d’autrefois et de celles d’aujourd’hui. Oh ! qu’elles ne s’ennuient pas, les fines amies ! Pendant que M. Eugène met à nu le cœur de l’homme, madame

  1. Antony, IV, sc. ii, pp. 206 et 207.
  2. Antony, IV, sc. vi, p. 210.