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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

et surtout au premier chapitre du Testament de M. de Chauvelin, le récit de la première rencontre entre le fils du Diable noir et cette faible femme. Grâce à la bienveillance d’Alexandre Dumas fils, j’ai pu suivre la comédie intime, qui fut l’occasion du drame scénique, et noter avec précision le point de départ et les démarches du génie.

J’ai sous les yeux quarante-trois lettres[1], quelques-unes datées, plusieurs avec la suscription, le nom et le domicile de la destinataire, toutes de la main de Dumas, signées : ton Alex, et apostillées de mille millions de baisers. Deux, manifestement écrites au début (je ne sais quelle chaleur du style en témoigne), portent le cachet postal : septembre 13, 1827 et septembre 27, 1827. En travers de l’adresse d’une autre se lit cette indication : « donné quinze sous au porteur. » Prévenance qui est une date. Plus tard, il enverra par la poste de véritables chiffons de papier. Les unes sont des billets, les autres des morceaux de quatre grandes pages. La liaison paraît avoir duré un peu plus de trois ans. À un moment, on attendait un fils, qui devait s’appeler Antony[2]. Le drame a pris le nom

  1. Ces lettres ont été rachetées par Alexandre Dumas fils, son nom et celui de sa mère s’y trouvant parfois mêlés. Je me suis appuyé, pour les classer, tantôt sur les dates du cachet postal, tantôt sur les allusions à des événements connus qu’elles renferment, et même sur les sentiments qu’elles contiennent. J’ai pu ainsi, pour écrire ce chapitre, les ranger dans leur suite chronolog-ique très probable. Je donne en note les dates, quand elles y sont.
  2. Lettres inédites. « Le mercredi 6 octobre » (1830, d’après les allusions au drame) : « Je ne le trouve pas (le drame) d’une forte constitution. J’espère en tout cas que son homonyme n’aura rien de cette faiblesse. Oui, mon amour, j’y songe, à notre Antony. Ce sera un lien ignoré entre nous, qui fait que jamais nous ne deviendrons étrangers l’un à l’autre. Je parle de quinze ou vingt ans de ce jour. « — Il y songeait chez une autre