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ANTONY.

geoisie ne lui seront fermés. Déjà Dumas avait esquissé le drame de mœurs et préparé la matière dramatique de la pièce sociale dans Henri III ; et il a raison d’écrire que Saint-Mégrin s’enflammait « aux mêmes foyers brûlants ». Mais c’est Antony qui fonde le drame moderne.

« Ils ont dit que Ghilde-Harold, c’était moi. Que m’importe[1] ? » Il n’importe, en effet. Antony n’est point Dumas ; le lyrisme frelaté en est le moindre caractère et le moins durable.


II

LETTRES INÉDITES À MELANIE.

L’aventure fut banale, comme celles d’où naquirent la Dame aux Camélias et Diane de Lys. Mélanie W*** était mariée à un capitaine d’infanterie. De petite santé, elle n’avait pu supporter la vie de garnison ; elle demeurait chez son père, dans un milieu littéraire et grave. Le capitaine n’y venait qu’en congé, avec la permission de Dumas[2]. On trouvera dans Mes mémoires[3],

  1. Épigraphe d’Antony, cf. Mes mémoires, t. VIII, ch. cc, p. 118 : « Antony, c’était moi, moins l’assassinat. Adèle, c’était elle, moins la fuite. »
  2. Mes mémoires, t. VIII, ch. cc, p. 117 : « J’allai trouver un de mes amis employés au ministère : trois fois le congé, prêt à être envoyé, disparut, déchiré ou brûlé par lui. Le mari ne vint pas. » — Un jour il y eut alerte. Le capitaine demandait son changement pour Courbevoie : « Il faut le faire nommer major, mon ange. Il n’y a que ce moyen-là de nous tirer d’affaire. Courbevoie est beaucoup trop près de Paris. » Lettres inédites, 12 octobre.
  3. Mes mémoires, t. V, ch. cxviii, p. 82. Première lecture d’Henri III en petit comité chez madame W… — Voir ibid., ch. cxv, pp. 43 sqq., première rencontre ; énumération de la famille. Cf. le Testament de M. de Chauvelin, ch, i. La maison de la rue de Vaugirard, p. 13.