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DRAME POPULAIRE DE CAPE ET D’ÉPÉE.

tend, et pour la pratique de la vertu. Figaro est encore un peu novice auprès de lui. « Oh ! démons, démons qui faites le cœur des femmes, s’écrie le capitaine, oh ! j’espère que vous n’avez oublié dans le sien aucun des sentiments pervers que je lui crois[1]. » Il n’en est plus à l’adoration romantique ; déjà il s’arme d’une ironie plus faubourienne, mais non moins cinglante que celle des de Ryons et des de Jalin. Jamais Ruy Blas ne parlerait de ce ton à la pire des reines. Buridan fait mieux. Pour arriver à ses fins, il table sur la femme. Il ne dédaignera point de feindre l’amour ni la jalousie. Est-ce que vous ne voyez pas poindre certaines scènes d’Angèle, et aussi des Effrontés, de la Contagion, sans compter le dénoûment du Demi-Monde ? Et comme, chez les aventuriers les plus modernes, la loi du plus fort est souveraine, il n’hésite pas à sacrifier tout et tous autour de lui, Marguerite, Gaultier qu’il envoie au diable, c’est-à-dire à la Tour de Nesle, après avoir expédié Enguerrand à la potence. Il ajoute un seul mot, mais qui est de valeur, à la royale devise : « Je me maintiendrai ». Finalement il succombe, de compagnie avec la reine, mais parce que nous sommes au théâtre, pour purger la passion populaire et encourager certaine morale que Bossuet n’avait pas prévue : « Dieu frappe les grands pour nous réjouir. »

J’ai affronté le ridicule d’étudier la Tour de Nesle. Il eût été plus commode de badiner, de relever et railler, après tant d’autres, quelques formules qui font désormais sourire. Il m’a paru meilleur de comprendre la pièce et d’en montrer l’importance dans l’œuvre de Dumas et dans l’histoire du théâtre de ce siècle. Rencontrant Beaumarchais à l’origine du drame historique, je l’ai trouvé au cœur de ce drame de cape et

  1. La Tour de Nesle, III, tabl. vi, sc. i, p. 54.