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DRAME POPULAIRE DE CAPE ET D’ÉPÉE.

Troisième tableau : au Louvre, dans la chambre à coucher de la reine. Depuis la journée du 10 août, le peuple force toutes les portes des palais. Marguerite est couchée sur un lit de repos : elle cuve son orgueil et sa débauche. Cette femme, quoique reine, sera vaincue. Elle n’a pas l’endurance de son ennemi, qui, après une telle nuit, s’en est allé à ses affaires et a revêtu un costume de Bohémien. Dumas déclare que ce tableau est mauvais[1]. Il est plutôt long, et il a le tort de continuer l’exposition. Nous apprenons que Marguerite aime Gaultier d’un amour pur. Pour romantique qu’elle soit, la gaillarde nous étonne. Dumas a des pudeurs que la pudeur ne connaît pas. Des deux fils de Marguerite un seul a eu ses faveurs. Cette réserve plaît, mais cette invraisemblance pèse sur le mouvement de la scène. Ce sont subtilités romanesques, où le bon sens populaire ne les attendait point et les écoute sans intérêt. Dumas se ressaisit bientôt. Buridan a l’épingle, qui a marqué la royale joue. « Tu vois, dit-il à voix basse, que je sais tout, Marguerite ; que ton amour, ton honneur, ta vie sont entre mes mains…[2] » Vertudieu ! Qui donc commande en ce palais ? Le Bohémien, l’aventurier, l’échappé de la Tour de Nesle, par le seul pouvoir de son énergie et de sa judiciaire. Réjouissons-nous, compagnons du parterre ; et applaudissons, comme il faut, l’homme d’action qui ne balance point, qui ne déclame point, comme Ruy-Blas, et qui ordonne à la reine de s’enfermer dans son appartement, en attendant le rendez-vous qu’il lui fixe à la taverne d’Orsini. En vain Gaultier vient demander compte à son idole du cadavre de son jeune frère ; en vain il pleure, « tombe et se roule », tel un héros d’Homère,

  1. Mes mémoires, t. IX, ch. ccxxxv, p. 180.
  2. La Tour de Nesle, II, tabl. iii, sc. iii, p. 34.