Page:Parigot - Le Drame d’Alexandre Dumas, 1899.djvu/282

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
266
LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

mort qui attend leurs victimes. « Il est deux heures ; la pluie tombe ; tout est tranquille ; Parisiens, dormez[1]. » Enfin Marguerite paraît. Elle veut, pour une fois, soustraire à la mort Philippe, « enfant tout damour et de passion »[2], qui ressemble à son Gaultier comme un frère. Le drame se noue. Philippe lui fait à la joue une éraflure d’épingle pour la reconnaître. L’imprudent signe son arrêt de mort. « Cette marque… Priez Dieu !… Qu’on se souvienne de mes premiers ordres[3] ! » Elle sort. Orsini ferme la fenêtre et emporte la lumière. Après l’éclat de la fête, la nuit, plus rien que la nuit sillonnée par le feu du ciel. Qui est là ? Philippe ! Buridan ! Le troisième compagnon anonyme s’attarde en compagnie de la troisième sœur. Oh ! ce sont de grandes dames[4]. Où sommes-nous ? « Regarde devant toi… — Le Louvre. — À tes pieds. — La Seine[5]. » Autour de nous, c’est la Tour de Nesle. Et c’est la mort. Vite, des tablettes, sur lesquelles le jeune homme écrit de son sang, à la pointe de l’épingle enlevée à la coiffure de la reine : « J’ai été assassiné par… « Buridan possède un gage, Philippe étant le frère du favori. La lutte est désormais engagée entre Marguerite et le capitaine. L’un saute par la fenêtre dans la Seine : c’est le chemin de la fortune et des héros romantiques ; l’autre reparaît, frémissante et fatale, une torche à la main, et penchant vers le pauvre Philippe à l’agonie son visage enfin démasqué : « … Regarde et meurs. » — « Marguerite de Bourgogne, reine de France[6] ! » La nuit est tranquille, les Parisiens dorment, et Buridan va s’évertuer.

  1. La Tour de Nesle, I, tabl. ii, sc. i, p. 15.
  2. La Tour de Nesle, I, tabl. ii, sc. iii, p. 17.
  3. La Tour de Nesle, I, tabl. ii, sc. iv, p. 20.
  4. La Tour de Nesle, I, tabl. ii, sc. v, p. 21.
  5. La Tour de Nesle, ibid., p. 22.
  6. La Tour de Nesle, I, tabl. ii, sc. vi, p. 24.