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LE DRAME D ALEXANDRE DUMAS.

cieusement recueillies de Murillo dans un demi-jour vague et suave[1]. » Quant à la femme, «… vous eussiez dit une de ces beautés fatales que Callot, Michel-Ange ou autres (!!) semblent, dans leurs tableaux, traîner à plaisir par les cheveux devant un Saint du désert[2] ». C’est donc la passion échevelée qu’il s’agit de peindre, avec une pointe de sadisme que rehausse la timidité rêveuse d’un enfant en proie à cette goule, d’un enfant que « l’énigme tourmente » et dont « l’âme est un chaos »[3]. Roger de Beauvoir prend de la peine pour mêler l’angoisse à notre plaisir ; il y a du ragoût. Aux premières questions de la reine, messire Jehan Buridan répond (tel l’amoureux de Mon Isménie), qu’il n’a jamais aimé que deux personnes : sa mère et… son ami Arthur[4]. Enfin l’on vient au fait. « Tout à coup il sentit un bras l’étreindre avec puissance… « Ma mère ! ma mère ! »… « Je serai ta mère ! »… Il voulut écarter cette vision et repousser le fantôme. En ce moment le lit rougeâtre de clarté lui apparut. « L’enfer ! » — « L’enfer à deux[5]… » Je n’ai cité que l’indispensable, et je recours en hâte aux points suspensifs que l’auteur a semés tardivement. Encore ces points suspendent-ils la scène sans l’épuiser. Entre le réveil de Buridan, l’écolier malgré lui, et l’apparition du sac mortuaire dans lequel le juif Manassés, exécuteur de la reine, le

  1. L’Écolier de Cluny, ch. i, p. 68.
  2. Ibid., p. 69.
  3. Ibid., p. 70 et p. 71.
  4. Ibid., p. 71.
  5. L’Écolier de Cluny, ch. i, p. 72. Voir, ibid., tout le tintamarre du pire romantisme. « C’était une haleine de feu passant d’abord sur les boucles de ses cheveux, puis un regard d’ange tombé lascif et suave ; un bras qui repousse, un bras qui cède, une bouche qui prie, un front ployé sous une caresse, un combat de réprouvé, un étonnement d’élu. — « Je serai ta mère ! » disait-elle… »