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LE DRAME D ALEXANDRE DUMAS.

selle encore, besoin est tout d’abord[1]… » C’est le pastiche, le rebutant et facile pastiche qui obscurcit et hérisse le style, un ramas de mots techniques et archaïques, un abus d’inversions et de suppressions d’articles, beautés douteuses piquées comme épingles en la pelote. Exercice d’écolier, où l’a peu près tient lieu de savoir. À ces enjolivures, qui en sont la couleur historique, se mêle le plus banal de la phraséologie romantique, qui en fait la couleur romanesque. Pastiche des deux parts. Je ne dis pas que cela fût pour choquer le goût de Dumas, ni pour déplaire à son imagination avide de vocables éclatants et sonores. Mais lisez et comparez. Le génie dramatique a imposé sa loi au mauvais goût et opéré la transposition nécessaire. Il a conservé des archaïsmes juste l’essentiel, quelques mots, exclamations ou tours de phrase encore très clairs dans le drame. Drame mort-né, s’il eût été écrit en cette langue tour à tour laborieuse et emphatique, et surtout impropre à l’action.

La scène principale du roman de Roger de Beauvoir, la nuit de Buridan à la tour, se trouvait indiquée chez Brantôme ; elle avait de quoi séduire les conteurs de 1830. Dumas, qui a fait au peuple libre, au peuple ennemi des rois Veto et des reines amoureuses la bonne mesure d’abominations dans la Tour de Nesle, Dumas est un auteur sage et presque sobre. Si vous alléguez la tirade des « grandes dames », écrite d’ailleurs par J. Janin[2] : « … À peine sommes-nous entrés dans cet endroit éblouissant et chaud à enivrer, qu’elles nous ont accueillis avec mille tendresses, qu’elles se sont livrées à nous sans détour, sans retard ! à nous, tout de suite, à nous inconnus et tout mouillés de cet orage. Vous voyez bien que ce sont de grandes dames[3]… »

  1. L’Écolier de Cluny, ch. i, p. 67.
  2. Voir plus haut, p. 175, n. 3.
  3. La Tour de Nesle (Th., IV), I, tabl. ii, sc. v, p. 21.