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LE DRAME D ALEXANDRE DUMAS.

c’est la comparaison qu’on en peut faire et les éclaircissements qu’on en doit tirer. Le romancier ne manque pas d’imagination. Il possède même tout justement celle qui plaît aux romantiques, et qui consiste à ranimer la couleur d’une époque. Il a des visions, mais confuses ; le xive siècle ne ressuscite pas, il grouille. Il y a, dans ces peintures, de l’énorme et du minutieux, de l’éclat et peu de clarté. Il y manque du jour et de la vie. Tout cela est badigeonné consciencieusement, réchampi, et à pièces rapportées. L’auteur s’est employé, échauffé tant qu’il a pu ; mais c’est une tour de Babel, et non point la Tour de Nesle. Il allègue des textes très anciens en des notes très compendieuses[1]. Il est proprement ce qu’il reproche à d’autres, un « artisan de fouilles historiques », qui se fait « caduc à plaisir », et « ride son style au point d’effrayer parfois l’intelligence du lecteur[2] ». Cet air de science et conscience n’est que le prétexte d’une truculente fantaisie. Walter Scott semble peu documenté et Dumas fade auprès de Roger de Beauvoir.

Dumas a le génie du drame et la mesure du théâtre ; deux exemples tirés du roman suffisent à le mettre en évidence.

L’écolier de Cluny, Buridan, poursuivi par le guet


    intitulé l’Écolier de Cluny. » Voir même affirmation, ch. ccxxxiv, p. 163.
    Voir pour toute cette question de la Tour de Nesle, sources, succès, procès, duel, Mes mémoires, t. IX, ch. ccxxxv-v-vi-vii, pp. 126-234. De toutes les pièces citées par Dumas il me semble résulter qu’en somme il fut de bonne foi, et qu’Harel fut seul coupable de trop d’habileté : c’était Mascarille à la direction d’un théâtre.

  1. Pour les sources de la pièce, cf. notes de l’Écolier de Cluny et l’article publié par Gaillardet dans le Musée des familles et cité par Dumas, Mes mémoires, t. IX, ch. ccxxxvi, pp. 193-199.
  2. Préface de l’Écolier de Cluny, p. ii.