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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

apparaît dans son existence, comme une furie attachée à ses pas, la veuve du conseiller, créancière infatigable, amante éperdue.

J’en passe, et des meilleures, qu’on trouvera minutieusement contées dans le livre de M. Lenôtre. De toute cette fantaisie romanesque et historique, qui dormait dans la poussière des archives, Dumas n’a osé et utilisé en son drame que le nécessaire. Il resserre, il prépare, il choisit les péripéties. Il modifie sur la scène le dénoûment réel et celui de son roman[1]. Au reste, les tableaux historiques se succèdent sous nos jeux ; c’est toute l’image de la vérité ; c’en est du moins le spectacle : patrouilles de la rue Saint-Jacques, la Cour du Temple, le Tribunal révolutionnaire, la Conciergerie, la Salle des morts. Seulement, Maison-Rouge n’est pas un traître, et ne tombe pas sous un feu de peloton. Et il aime la Reine, ce conspirateur obstiné : tout comme s’il en était fait mention dans les dossiers et documents.

L’histoire n’en parle pas, mais Figaro le veut. Il aime les aventures ; mais il lui faut sa légende. C’est l’amour qui engage Maison-Rouge en ces conspirations et ces dévoûments. Il est un Ruy Blas plus entreprenant et agile. Du même coup il devient un conspirateur populaire, puisqu’il est dévoué à la Reine, qui est femme. Suzon, ou Marie-Antoinette, n’importe ; c’est la « femme, femme, femme » qui excite ces magnifiques passions, sources de ces entreprises surhumaines. Rougeville mourut fusillé. Que parlez-vous de ce Rougeville ? C’est de Maison-Rouge qu’il s’agit, lequel est mort en héros, au IVe acte d’une pièce héroïque, en essayant de soustraire à la prison une créature noble et infortunée, à qui il avait voué son âme et sa vie. Lui aussi, il a tout

  1. Voir le Chevalier de Maison-Rouge, t, II, ch. lvi, p. 286 : Geneviève, Maurice et Lorin sont guillotinés.