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LE DRAME d’ALEXANDRE DUMAS.

nulle part ailleurs de plus imagés et sonores. Aussi bien, la période s’est assouplie ; la structure en est moins heurtée ; le mouvement plus aisé et continu que violent et brusque. Si le marivaudage y est parfois subtil et tortillé[1], l’esprit[2], la passion[3] y abondent, et la poésie n’en est pas absente. L’Alchimiste est donc plein de beaux vers ; et il renferme des scènes absurdes, presque autant que les Burgraves.

Quand Dumas s’efforce à ces œuvres hybrides, il semble que son originalité en pâtit. Faute de ce don, il n’a pas pour se soutenir l’humanisme de Casimir Delavigne ou de Ponsard. De l’Alchimiste la critique n’a point à s’occuper, sinon pour noter au passage que Ben Johnson avait écrit une tragédie sous le même titre, que Dumas a sans doute travaillé d’après une traduction du Fazio de l’auteur anglais Milman, et qu’il a conservé ce nom au principal personnage. Ce qui ne l’empêche pas de refaire au galop la scène du poète de Timon d’Athènes[4], ni de se souvenir au besoin du bal de Fiesque[5], ni même au Ve acte de

  1. L’Alchlmiste (Th., VI), I, sc. iv, p. 219.

    Ces rubis, pour garder leurs reflets précieux.
    Madame, à votre front sont trop près de vos yeux.


    Cf. III, sc. iv, p. 252 et toute la scène.
  2. L’Alchlmiste, III, sc. i, p. 240. Joli couplet, très joli, sur le : vous et le : tu. Cf. III, sc. ii, p. 244. Cf. II, sc. iii, p. 231 : spirituel récit de Lelio, fort bien conduit. « La scène est en Espagne », etc. Ce rôle de Lelio est pimpant.
  3. L’Alchimiste, V, sc. ix, pp. 285 sqq. C’est d’ailleurs le dénoûment de Catherine Howard. Exécution publique, torches, bannières de la Vierge : souvenirs, comme j’ai dit, du dénoûment de Marie Stuart. Et c’est pourquoi la scène ressemble un peu à la dernière de Marino Faliero. Rencontre de souvenirs.
  4. L’Alchlmiste, III, sc. iii, pp. 246-247. Cf. Timon d’Athènes. I, sc. i.
  5. Au IIIe acte, bal musqué. Cf. le I de la Conjuration de Fiesque.