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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

se souvient vaguement des imprécations de Camille[1]. Elle est seulement plus prolixe, au petit bonheur. Nous voyons clairement, dans ces premiers actes, la façon dont Dumas entend la tragédie modernisée : c’est à savoir de grandes scènes à couplets, où il verse consciencieusement tout ce qui lui vient à l’esprit ; rapt, vingt vers ; — abandon, vingt vers ; — Richelieu, quelque peu davantage ; — Corneille, une quarantaine pour plaire à Hugo. Quand le filon du lieu commun s’épuise, on broche quelques hémistiches sur le décor, on en roule d’autres autour du mirliton de l’actualité ; couleur locale, toujours, mais infiniment plus artistique aux yeux de Dumas que celle du drame populaire : elle est versifiée. Et, comme l’exercice est facile, cela lui donne envie.

De là l’acte III de Christine, à tableaux démontables : Christine et sa cour à Fontainebleau ; la carte du Tendre ; Corneille en visite.

Corneille ! — Inclinez-vous devant le vieux Romain[2].


On voit la suite. Monologue de Christine après la lecture du monologue d’Auguste. Reine et femme, emphatique et loquace, cette majesté déchue « rugit »[3] compendieusement. Il faut croire que tous les chemins mènent à Rome, où la tragédie doit aboutir.

  1. Christine, II, sc. vii, p. 237. Cette scène est surtout la paraphrase des vers de Racine :

    Tu ne revois en moi qu’une amante offensée…, etc.

  2. Christine, III, sc. iv, p. 249.
  3. Lettres inédites à Mélanie W. (Voir plus bas, pp. 287 sqq.) « Quelques mots entre deux vers de Christine, cher amour. Elle vient d’avoir une scène terrible avec Monaldeschi, et elle se repose pour se remettre… Allons, j’entends Christine qui grogne ; et ses grogneries, tu le sais, ont un faux air du rugissement d’un lion. »