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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

matique, quand il agit, au lieu de développer, dans le feu du drame. Tragique, analyste et appliqué, il écrit :

 
Oui, si j’avais vu dans l’Andalousie
Tes yeux noirs à travers verte jalousie[1],


ou encore :

Je grandis vite, car avec son bras puissant

La gloire paternelle était là me berçant ;
Je grandis vite, dis-je[2]


Il coud ses développements et ses images : il raccorde, comme il peut, ses phrases ; il est solennel, emphatique à la bourgeoise :

À tous salut ! Qui donc peut ici, s’il vous plaît,
Me dire d’entre vous, messieurs, l’heure qu’il est[3] ?


Sa mémoire est pleine de centons de Corneille et de Racine, qu’il accommode. Mais lisez les scènes dramatiques et notamment la deuxième du cinquième acte, ou Paula apporte à Monaldeschi le poison libérateur : vous y trouverez encore quelques gaucheries, mais de belles tirades brûlantes, ramassées, pathétiques, et de quelle allure[4] !

Christine est médiocre, parce qu’elle est artificielle. Dumas avait d’abord écrit une tragédie, à laquelle il soude un drame. Ce sera toujours ainsi, même quand il ne s’y reprendra pas à deux fois. Le prologue et l’épilogue sont rapportés, l’un pour mettre en scène

  1. Christine, II, sc. iv, p. 229.
  2. Christine, II, sc. vi, p. 233.
  3. Christine, III, sc. iii, p. 244. On se rappelle le vers d’Émile Augier :

    Permettez à vos pieds, madame, qu’on se jette.

  4. Christine, V, sc. ii, pp. 277 sqq.