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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

quand elle est composée[1] » On ne s’attendait guère à rencontrer ici Dumas avec Racine. Il est vrai que, la pièce ainsi faite, Dumas « la couchait sur le papier » en huit jours, et que Racine commençait à faire difficilement ses vers faciles.

Ici nous touchons à un point de technique qu’on ne saurait omettre, quand il s’agit de définir l’œuvre et la complexion dramatiques de Dumas. Comme Regnard, il collabora avec les vivants et les morts. Ceux-ci sont discrets et ne réclament guère ; les autres ne s’astreignent pas à la même réserve. On lira dans Mes mémoires et les Souvenirs dramatiques[2] de piquantes monographies du collaborateur ; la préface du Théâtre des autres apportait naguère à la verve du père le renfort de l’esprit du fils[3]. À la vérité, les droits d’auteur sont un problème très différent en littérature et en jurisprudence.

Quand tous les tribunaux auraient statué, la liberté du critique demeure entière. Dumas a travaillé souvent en société, malgré « la terreur[4] » qu’il avait de la collaboration. Un de ses procès fut retentissant : l’œuvre en valait la peine. Les juges ont arrêté, décidé, ordonné que la Tour de Nesle appartenait à Gaillardet et Dumas. On trouvera les principales pièces de l’affaire dans Mes mémoires[5]. Elles m’intéressent peu. La question à discuter est une question de théâtre, en dehors des

  1. Souvenirs dramatiques, t. I, p. 272.
  2. Mes mémoires, t. IX, ch. ccxxii, pp. 52 et 53. — Souvenirs dramat., t. II. La Camaraderie, pp. 126-130. « Si elle (la pièce) tombe, elle est de vous ; si elle réussit, elle est de lui. »
  3. Théâtre des autres, t. I, pp. vii sqq.
  4. Histoire de mes bêtes, ch. xliii, p. 290. Cf. Ch. Glinel, op. cit., ch. vi, pp. 483-487. On y trouvera une lettre de Maquet à son avocat, qui commence ainsi : « Hélas, cher ami, je suis menacé d’un nouveau procès avec l’éternel coquin qu’on appelle Dumas ».
  5. Mes mémoires, t. IX, ch. ccxxxi-iv-v-vi, pp. 126 sqq.