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LE DRAME NATIONAL ET « HENRI III ».

 
Mon cousin, je t’estime ;
Ton scrupule, après tout, peut sembler légitime.

Sois fidèle à ton hôte, infidèle à ton roi[1].

N’allez pas croire que ce soient péchés de jeunesse, ni que le dramaturge devienne avec le temps plus inventif ou discret. J’ai dit que le deuxième acte de Ruy Blas est imité de Don Carlos. Il convient d’ajouter que le conseil des ministres est emprunté d’une autre pièce du même Delavigne, représentée le 6 mars 1828, la Princesse Aurélie, et qu’il n’y a pas à s’y méprendre :

 
Au conseil appuyez mon projet.
— Vous y pouvez compter. — Moi, sur un autre objet

J’y réclame à mon tour votre utile assistance[2]

Dans le discours du conseiller Polla on notera de même quelques traits de celui de Ruy Blas :

Votre empire opulent, qui craint pour son commerce,
Est grevé d’un tribut de vingt mille ducats
Payé par sa marine aux Turcs qui n’en ont pas[3], etc.

Il y a mieux. Les Enfants d’Edouard parurent en 1833, Ruy Blas vint en 1838. Victor Hugo a fait de Tyrrel don César de Bazan et don Salluste de Glocester. La scène ii du premier acte entre don César et don Salluste est une adaptation directe de la scène iii du II entre Glocester et Tyrrel :

  1. Hernani, III, sc. vi, p. 91.
  2. La Princesse Aurélie (Th., I), II, sc. vi, p. 421. Il faut lire toute la scène, pp. 417-422 et la comparer à Ruy Blas, III, sc. i, pp. 152-156. Ajoutons que la scène de Casimir Delavigne est d’une observation autrement générale et pénétrante que celle de Victor Hugo. C’est de la comédie très fine, du genre de la Popularité et même de la Camaraderie.
  3. La Princesse Aurélie, IV, sc. i, p. 448. Cf. Ruy Blas, III, sc. ii, p. 156.