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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

je me veux borner à Hernani et Ruy Blas, qui tiennent encore l’affiche.

Quand Ruy Goraez parut (25 février 1830), Casimir Delavigne avait donné l’École des vieillards depuis sept ans (6 décembre 1823), et Marino Faliero (30 mai 1829) depuis quelque neuf mois. On lit dans la première pièce :

 
 
Quand on aime avec crainte on aime avec excès ;

Jeune, on sent qu’on doit plaire, on est sûr du succès[1], etc.

Et l’on trouve dans Marino Faliero d’autres couplets que je ne compare pas à ceux de Don Ruy ni de Doña Sol, mais qu’il faut pourtant rapprocher.

Tout s’est éteint, flambeaux et musique de fête,
Rien que la nuit et nous ! Félicité parfaite[2]

Délicieuse, délicieuse mélodie, à laquelle préludait modestement le sage auteur de Marino Faliero :

J’ai vu les astres fuir et la nuit s’avancer,
Et des palais voisins les formes s’effacer,
Et leurs feux qui du ciel perçaient leur voile sombre,
Eteints jusqu’au dernier disparaître dans l’ombre[3]

Si la scène des portraits est de Shakespeare, la situation du roi exigeant de Ruy Goraez qu’il livre son hôte, est de Mérimée, indubitablement. On la reconnaîtra dans Inés Mendo ou le Triomphe du préjugé[4]. « Je sens, dit le corrégidor à don Esteban, combien il vous est pénible de livrer votre hôte. Mais je sais aussi que vous ne voudriez pas donner asile à un ennemi du roi. » Ce que Hugo traduit :

  1. Vers dont l’écho sonore se propag-e dans Hernani, III, sc. i, pp. 61 sqq. ; l’École des vieillards (Th., I), III, sc. ii, p. 316.
  2. Hernani, V, sc. iii, p. 139.
  3. Marino Faliero (Th., II), IV, sc. i, p. 283.
  4. Inès Mendo ou le Triomphe du préjugé, III, sc. ii, p. 256.