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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

vieillards, eut plus d’influence sur le poète de Hernani. Il alla de l’avant avec modération ; il connut les sources et, dès Marino Faliero, les mit en œuvre. Il lui manqua le grain de folie. Homme de théâtre, mais homme de goût, avec beaucoup de talent mais sage et d’un humaniste, il était aux antipodes des visées de Dumas. Et comme on ne peut pas dire que ce Marino Faliero (de trois mois postérieur à Henri III et sa Cour), qui ne fut une œuvre inutile ni pour Victor Hugo ni pour Alfred de Vigny[1], soit un drame national, ou simplement historique, mais peut-être une tragédie nullement inférieure, et peut-être aussi une adaptation, un compromis exécuté d’une main adroite et prudente[2], — il faut bien en croire l’auteur d’Antony qui affirme son antipathie pour la manière de Casimir Delavigne[3]. Quant à de Vigny, il est un novateur, mais à la suite ou en dehors. La traduction du More de Venise ne devance pas Henri III ; le reste ne le dépasse point. Il se pourrait qu’il n’eût écrit, à la rencontre, qu’un acte, un seul, vraiment original et neuf : et ce n’est pas le dénoûment de Chatterton que je veux dire, mais une piécette intitulée : Quitte pour la peur, dont on ne parle plus. On a tant parlé du théâtre de Victor Hugo.


II

VICTOR HUGO ET LE DRAME NATIONAL.

Il le faut, une fois de plus ; succinctement, mais il le faut. C’est lui qui accola plus volontiers le mot « national » au mot « drame ». Lorsque, du fond de nos

  1. Voir ci-après, pp. 140 et 354.
  2. Voir plus haut, p. 112, n. 1.
  3. Mes mémoires, t. IV, ch. xcii, pp. 49-64. Voir plus bas, p. 426, n. 1.