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LE DRAME D’ALEXANDRE DUMAS.

sensible, quelques vers inspirés de Victor Hugo. Et aussi, en polémiste expérimenté, il n’était ni complet, ni discret, ni équitable ni rebelle aux inductions, ni ennemi des imputations erronées[1].

Dumas voguait en plein succès ; l’article était de mauvaise foi : il fit balle. Dumas y répondit par le morceau qui sert de préface à son Théâtre complet : Comment je devins auteur dramatique, et qui avait paru d’abord à la Revue des Deux Mondes. S’il se réclame surtout de Shakespeare, il avoue du moins qu’il a « fait connaître à notre public des beautés scéniques inconnues[2] ». Le nom de Schiller y paraît à peine, n’importe : l’essentiel y est, la réplique de l’homme de théâtre, à laquelle il n’y a quasiment rien à reprendre. « C’est ce qui faisait dire à Shakespeare, lorsqu’un critique stupide l’accusait d’avoir pris parfois une scène tout entière dans quelque auteur contemporain : « C’est une fille que j’ai tirée de « la mauvaise société pour la faire entrer dans la bonne ». Génie à part (Dumas lui-même s’exprime ainsi ; il faut lui en savoir gré), c’est l’emprunteur, le plagiaire, qui est dans le

  1. Granier de Gassagnac affirme dans son article du 1er novembre, que la scène de la prison dans la Tour de Nesle (III, tabl. vi, sc. v, p. 58 sqq.) est empruntée d’une pièce de Lope de Vega, Amour et Honneur, journée III, sc. v. — La comédie n’est pas de Lope de Vega ; elle ne s’appelle pas Amour et Honneur ; et ce n’est pas la scène v. Amor, Honor y Poder, comédie de Calderon (Amour, Honneur et Pouvoir), fait partie de la Biblioteca de autores Españoles, t. VII, — 1er des œuvres de Calderon, pp. 367-384. — Là se trouve, dans la journée III, une scène iii, pp. 380-381, qui se passe, en effet, dans une prison, et qui n’a aucun rapport à celle de Dumas. L’infante, déguisée en homme, vient offrir à Enrico, son sauveur, qui l’aime et qu’elle écouterait volontiers, de faciliter son évasion. Il refuse : il est prisonnier de son honneur. Cf. pour le peu de sûreté des allégations de Granier de Cassagnac, plus bas, p. 365, note 1.
  2. Th. complet, t. I p. 16.