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INFLUENCES ALLEMANDES.

Robsart ? Schiller étant venu le premier, c’est lui qui a les honneurs de Christine.

Ces ricochets d’imitations se compliquent dans Charles VII Dumas confesse que cette œuvre est un « pastiche dramatique ». Il cite Corneille, Racine, Gœthe, Musset. « Voilà, s’écrie-t-il soulagé, grâce au ciel, ma confession finie[1] » De Schiller il ne souffle mot, qui lui a prêté davantage. On se souvient de cette fine remarque de madame de Staël : « Gessler arrive, dit-elle, portant un faucon sur sa main : déjà cette circonstance fait tableau et transporte dans le moyen âge ». Cette femme comprenait le théâtre ; Dumas aussi. À son entrée, « le roi remet à un fauconnier le faucon qu’il tenait sur le poing[2] ». Ce détail de mise en scène lui est revenu en mémoire, à Trouville, où il rimait la pièce, et juste au bon moment. Il se rappelle à point et met à contribution la Pucelle d’Orléans. Les rôles de Charles VII et d’Agnès en sont directement importés. Quelques renvois suffisent à établir les emprunts, quelques remarques à préciser la façon dont Dumas emprunte. La scène iii de l’acte IV est faite de deux scènes de Schiller : l’arrivée du bâtard d’Orléans et l’appel de Charles à son argentier. Dumas resserre la situation dramatique ; il en trouve le geste et le mot à effet, le coup de théâtre. Le roi détache un diamant de sa couronne et le jette dans le casque de Dunois, avec ce vers :

Mon plus beau diamant pour mon meilleur soldat[3].

La scène suivante appartient encore à Schiller. Le

  1. Mes mémoires, t. VIII, ch. ccvii, pp. 195-206.
  2. De l’Allemagne, t. II, ch. xx, p. 115. Cf. Guillaume Tell, III, sc. iii, p. 416, et Charles Vil, II, sc. v, p. 258.
  3. Charles VII, IV, sc. iii, p. 288. Cf. la Pucelle d’Orléans, I, sc. ii, p. 146, et I, sc. iii, pp. 149-150.