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INFLUENCES ALLEMANDES.

nom qu’ils ne méritent guère, appelait des « Indépendants »[1]. Hernani relèvera le gant et revendiquera son titre :

Vous viendrez commander ma bande, comme on dit ;
Car vous ne savez pas, moi, je suis un bandit[2] !

Quant à Franz Moor, il a fait souche à la Porte Saint-Martin et à l’Ambigu. Il va sans dire que Dumas l’admire, comme nous avons vu qu’il admire Fiesque, le nègre, et tout ce qui marque de la vigueur, de l’audace, de la force même brutale. Il traduira l’Intrigue et l’Amour, comme il a traduit Fiesque. Même dans Don Carlos, malgré l’encombrement de la tirade philosophique, l’invasion du lyrisme, et les déclamations utopistes du marquis de Posa, il découvrira avec ravissement des passions vives avec des situations dramatiques. Et c’est pourquoi j’ai dit que Schiller a le sens du théâtre, s’il n’en observe ni la perspective ni les nécessités. Imaginez la tête chaude du jeune Dumas faisant irruption dans ces lectures, et figurez-vous les émotions qui se succèdent en ce cerveau. Ces drames, aux sentiments forcenés, l’ont mis sens dessus dessous.

Il semble que le drame historique de Schiller l’ait moins remué. L’influence de Walter Scott demeure entière. Je crois en démêler les raisons. Wallenstein n’offre pas une suite de drames, mais des tableaux, des péripéties reliées d’un filtres lâche et qu’on ne sent pas. Il y a dans le Camp de Wallenstein, surtout là, un effort de reconstitution qui plaît, mais point de pièce. Les Piccolomini, la Mort de Wallenstein sont des suites de scènes, dont quelques-unes dramatiques. L’histoire s’en dégage malaisément ; la figure de Wallenstein est

  1. Cf. Les outlaws de Walter Scott, mais postérieurs (1818).
  2. Hernani, I, sc. ii, p. 22 (Th., t. II, édit. Hachette).