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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

mère, qui est veuve et en bonne posture à la nouvelle cour, survient en carrosse ; il commence par lui sauver la vie et ne songe plus à Angèle, trouvant à la mère plus d’avantages.

Il est un homme que l’amour met en valeur. Par suite, si l’art d’aimer est l’art de rompre, Alfred est un artiste admirable. Découplé, râblé, prompt à l’attaque, il entraîne le drame dans un mouvement effrayant de logique. Les événements retombent-ils sur lui, comme le « rocher de Sisyphe », il se raidit contre eux, et passe. Au moment d’épouser la fille, il recherche la mère ; il allait épouser la mère ; la fille reparaît. De fille à mère, les confidences s’appellent. Il précipite l’action au gré de ses calculs : il fait face à tout avec un rare sang-froid. Il avait oublié les suites, c’est-à-dire l’enfant qui vient au monde, fatalité du drame moderne. Il avait négligé la première maîtresse qu’il retrouve toute-puissante, Némésis des mœurs d’à présent. De femme en femme et de fille en mère, il devenait ambassadeur : un poitrinaire lui casse la tête d’un coup de pistolet. « Hû, hû, hû, c’est le vibrion qui s’envole », dira plus tard le docteur Rémonin. Nous n’en sommes pas encore aux raisonnements scientifiques. Mais déjà le drame est rectiligne, les scènes scabreuses sont enlevées avec esprit et sûreté de main (voir la fin du Ier acte et le début du IIe), et les difficultés abordées en face. « Vous partez ? — Je pars. — Je n’ai pas besoin de vous dire que je ne vous accompagne pas. — Je le devine…. » Est-ce le dialogue d’Angèle ou de Monsieur Alphonse ? Le dramatiste qui parle ainsi, n’est pas d’humeur à s’en tenir aux