drame populaire de l’ambition, varié de tableaux, emporté d’un mouvement qui, en dépit du parentage avec Pixérécourt (Cœlina ou l’enfant du mystère, Polder ou le bourreau d’Amsterdam), n’est pas trop indigne de Shakspeare. Ce torrent de catastrophes imprévues, ce débordement de l’action conviennent au protagoniste, Macbeth du suffrage universel. Les moyens sont si adéquats à l’homme et l’homme aux moyens que l’émotion, même brutale, même étouffante, naît d’une prestesse incroyable dans l’art de préparer et conduire les événements, et même les opérations nécessaires. Richard pousse sa femme sur le balcon, tire à soi la fenêtre, suspend Madame au-dessus du gouffre : Madame est morte ! Richard n’est pas seulement une volonté, ni même une force qui va ; c’est une fortune en acte. Dumas changera le sexe de son héros, et fera Catherine Howard ; le pays d’origine, et donnera Catilina. Mais nulle part ailleurs le premier rôle ne s’évertuera dans une pièce mieux coupée à sa mesure.
Richard est l’ambitieux gêné par sa naissance. Les hommes sont égaux depuis trop peu de temps pour que la naissance soit la moindre affaire. On nous le donne pour fils de bourreau : simple symbole d’une tare originelle. Cela signifie que la souche n’est pas reluisante. Il épouse une famille pour parvenir ; parvenu, la femme le gêne et il songe à contracter un mariage plus conforme à son mérite. C’est Vernouillet, d’Estrigaud ; ou encore mieux, c’est la Lutte pour la vie d’Alphonse Daudet et le Député Leveau de M. Jules Lemaître, qui sait fort bien que le drame n’a pas tant vieilli. Parce que