Page:Parigot - Alexandre Dumas père, 1902.djvu/60

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
48
ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

pour une demoiselle jeune et belle, Marguerite de Bourgogne, dont il était payé de retour, et de la douleur qui s’ensuivit quand l’amoureuse s’aperçut qu’elle allait être mère, et du poignard qu’elle mit aux mains de son amant pour tuer le duc, son père, qui la menaçait du couvent. Il ajoute sans insistance qu’une lettre, adressée par l’ange du crime à l’amant félon, est en la possession du capitaine, depuis longtemps hors de page, et que le roi Louis X, seigneur de la reine Marguerite, en pourra réjouir ses yeux et son esprit. Et, ce disant, il est de si impertinente mine et paraît si assuré que peu à peu l’aimable épistolière, son ennemie, tranche les liens et accepte le bras qu’on lui offre galamment. « Où allons-nous ?  » — « Au devant du roi Louis X, qui rentre demain dans sa bonne ville de Paris. » Non, non, Silvio Pellico, dont les Prisons firent nos délices, n’avait pas cette encolure.

En vérité, le régime despotique n’est que caprice, mais le capitaine Buridan est un beau génie. Il était prisonnier ; le voilà premier ministre. « Nous vivons dans un temps bien étrange », observe Savoisy. Ce Savoisy n’entend rien à la politique. Mais tu t’y entends, peuple de 1830, et Dumas te ménage des jouissances de qualité. D’abord il te sera d’un plaisir extrême, ce roi Louis X qui répond à tes acclamations par un nouvel impôt, et, désireux de faire quelque chose pour ses sujets, envoie un ministre à Montfaucon. Il y a du ragoût. Et puis, au sortir du conseil, nous retournerons avec Buridan à la taverne, mais, cette fois, à la Concurrence, chez Pierre de Bourges. Un politique, digne de ce nom,