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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

Charles VII chez ses grands vassaux est-il une tragédie ? Est-il un drame ? On voit trop que cette question n’est pas une subtilité scolastique. Si la tragédie paraît médiocre, par bonheur elle contient deux actes dramatiques, et tels que personne assurément ne les surpassa. Qu’on vienne nous dire, à cette heure, que les vers ont compromis le succès de la pièce ! Mais que le vers puisse être un « cache-sottise », selon le mot de Stendhal, Don Juan de Marana, fantasmagorie dévergondée, en fait la preuve. Encore une fois, ces drames tragiques renferment une contradiction essentielle qui est précisément celle de la tragédie et du drame. Dumas, pensant ajouter quelque lustre à son renom d’écrivain populaire, y reviendra avec Caligula (1837), pièce primitivement destinée au cirque Franconi et qui tourna au tragique inopinément, et l’Alchimiste (1839), drame en vers imité de l’anglais. Il forcera son naturel, sans forcer le succès. Mais, alors, il y a beau temps qu’il a cédé à son propre génie.

Il nous a conté de verve la genèse de la Tour de Nesle, drame populaire de cape et d’épée. Nous savons par le menu qu’un jeune homme, Gaillardet, descendait un jour de la diligence de Tonnerre, tenant sous le bras un manuscrit qu’il déposait chez Harel, directeur de la Porte-Saint-Martin, lequel, séduit par la légende de Buridan, le confiait à J. Janin, qui, après y avoir serti la tirade des grandes dames, rendait à l’imprésario toujours séduit la pièce toujours injouable. Et Harel de courir chez Dumas ; et Dumas, l’exposition lue, d’exécuter ce chef-d’œuvre gros de