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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

applaudissant avec fureur en ces convoitises endiablées, que ni aventures ni accidents ne détournent du désir ni de la possession, les appétits et les élans de l’individualisme en mal de jouissance.

Dumas avait mis dans le plein de l’âme de ses contemporains. Il avait frappé le sol français de sa magique baguette : la source dramatique jaillissait. Car la trinité du théâtre moderne est constituée dans Henri III et sa cour. Elle, rêveuse, sensible, soucieuse de sa réputation et déjà révoltée contre les préjugés du monde et les devoirs de société, imbue de J.-J. Rousseau et lectrice désignée de George Sand, instruite, au surplus, des droits que lui confèrent « les biens » qu’elle apporta en mariage « comme duchesse de Porcian », premier crayon de la faible femme, divine créature, qui fut le vrai mal du siècle ; lui, le mari, seigneur et maître, qui se croit plus fort parce qu’il est plus vigoureux ; et l’autre, le délicieux amant, l’individualiste intrépide, en proie à une fatalité peu platonique, parangon des rêves, martyr du cœur, qui affronte tous obstacles et renverse toutes barrières, de par les Droits de l’homme, et parce qu’il y a un mari. Qui donc disait que Saint-Mégrin fût un mignon de couchette ? Il est le champion du drame, par destination ; pendant tout le xixe siècle il n’aura pas d’autre mission sur la scène, et il aura fort à faire. Et il est d’abord le héros d’Henri III et sa cour, drame en prose, drame populaire, sinon national, comme on disait trop volontiers en ce temps-là.

Cependant Dumas était encore aux prises avec la