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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

quis ses titres de noblesse : la première, quand il s’empara de la liberté qu’il ne sut pas retenir ; la seconde, lorsqu’il fit voir au monde le prestige du génie et de l’individu. Plus les Bourbons étaient paisibles, plus l’épopée napoléonienne croissait en gloire et merveilles. L’imagination populaire, après de fortes émotions, faisait son œuvre. Il semble désormais que l’héroïsme réside moins dans le courage calme et réfléchi que dans le nombre des obstacles à vaincre et la force musculaire qui les renverse. Et comme le merveilleux est l’âme même des légendes et le ressort vital des épopées, alors apparaît triomphante la philosophie des petites causes et des grands effets. C’est l’heure des estampes qui décorent les plus humbles demeures, et représentent le « petit tondu » faisant la faction de la sentinelle endormie. Nul ne cherche une autre explication de la victoire d’Austerlitz, non pas même les philosophes, comme Stendhal, qui firent leurs premières réflexions au passage des Alpes ou à Marengo, ni non plus les poètes, tels que Byron, Victor Hugo ou Béranger, qui s’avisent à leur tour de ce nouveau règne poétique et populaire de la Force, de l’Énergie et de l’Individualisme. Et c’est d’abord le chansonnier qui exprime naïvement, avec les Souvenirs du peuple, les superstitions de la légende :

Il s’est assis là, grand’mère ?
Il s’est assis là !

Alexandre Dumas, fils d’un général républicain qui avait renoncé à la particule, tenait de son père