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ALEXANDRE DUMAS PÈRE.

à quatre heures, ce matin, qu’il m’a fait sortir du mien. » Mais s’il faut à ce royal témoignage joindre celui d’un littérateur, qu’on me permette d’en citer un qui a son prix. Je tiens de M. Jusserand que le célèbre romancier américain Bret Harte reconnaît avoir reçu de Dumas l’étincelle sacrée. La lecture du passage où Dantès, ficelé dans un sac, est jeté à la mer, lui apporta autrefois comme une révélation. La grandeur de l’effet, la simplicité des moyens, l’absence de tout effort apparent lui causèrent une Joie indicible. Il se dit que c’était là ce qu’il fallait réaliser et trouva l’occasion, depuis, de déclarer tout ce qu’il devait à Dumas père. Nous voudrions alléguer encore certains propos que nous tenait Dumas fils. Il nous faut choisir parmi les textes probants. Mais on voit de reste l’erreur des dédaigneux qui tiennent les romans du vieux Dumas pour œuvres mortes.

Ses trois grandes comédies sont demeurées au répertoire du Théâtre-Français, à cause de la verve qui y pétille plutôt que pour le marivaudage qui a vieilli. Mais son influence fut moindre que celle de Scribe. Elle se réduit à quelques scènes ou mouvements scéniques heureusement rencontrés et que des successeurs adroits ont repris à leur compte. J’ai montré Édouard Pailleron se souvenant à point nommé dans l’Étincelle du Mari de la Veuve, dans la Souris d’Un Mariage sous Louis XV. Meilhac et Halévy, qui contribuèrent, par leurs fines parodies, à démoder la phraséologie dramatique d’Antony et de la Tour de Nesle (la Cigale, la Perichole), ont recueilli cette petite Cigale des Mohicans de Paris