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L’INFLUENCE D’ALEXANDRE DUMAS.

du Bossu, Ponson du Terrail, père de Rocambole, Xavier de Moutépin, Gustave Aimard, Amédée Achard, Louis Ulbach, Émile Richebourg et plusieurs autres ont continué obstinément à mériter les dédains de la critique et à réjouir les âmes simples et les cœurs sensibles. Hier encore, le roman de l’histoire nationale, suivant de près la publication des Mémoires du premier Empire, pensa retrouver son atmosphère de légende et reprendre son essor d’épopée. De jeunes romanciers se sont révélés, MM. Georges d’Esparbès, Paul Adam, Paul et Victor Margueritte à qui ni le talent ni l’énergie passionnés ne font défaut. Mais le père Dumas plane au-dessus d’eux, avec son bon sourire. Toujours en faveur dans les bibliothèques populaires, il continue à exercer sa séduction sur des intelligences plus cultivées.

Un journal américain, dressant naguère la liste des plus grandes renommées du xixe siècle, citait Dumas à côté de Napoléon. Ce rapprochement hasardeux n’était pas saugrenu. Il y a quelques mois, The Academy, importante revue de Londres, dans un curieux article sur les lectures des personnages contemporains, citait un amusant passage d’un discours prononcé par Lord Salisbury dans un cercle littéraire. Le premier ministre y contait avec humour qu’à Sandrigham, chez le prince de Galles, aujourd’hui roi d’Angleterre, il fut surpris un matin, dès quatre heures et demie, lisant son livre favori Monte-Cristo. Le prince voulut connaître l’ouvrage qui poussait, à pareille heure, un premier ministre hors de son lit. Trois semaines après, il dit à son hôte : « Monte-Cristo vous a fait sortir du lit à quatre heures et demie ; moi, c’est