des hôteliers et la piètre cuisine des posadas. Il trône au bruit des castagnettes ; il apprécie le vito et le fandango ; il décide entre Pietra et Carmen. Il semble un monarque du fastueux Orient. Où il passe avec sa suite, les peuples s’inclinent, les femmes sourient, les bandits s’abstiennent, les journalistes s’agenouillent, les marins s’honorent d’embarquer le génie de la France. Pourquoi faut-il qu’un député fâcheux, reprochant cette mission au ministre, ait appelé Dumas : « Ce monsieur » ? Reconnaissons que « ce Monsieur » était sévère à l’endroit du conteur, qui oncques ne fut en meilleure veine.
Sous le titre, Mes Mémoires, il a publié aussi ses impressions de voyage à travers la politique et la littérature. On ne regrettera jamais trop qu’après le dixième volume il se soit arrêté : il était en passe d’écrire le plus personnel et historique de ses romans d’aventures. « C’est un besoin pour moi de raconter, disait-il ; en racontant, j’invente — » Et « ce qu’il invente le plus volontiers », c’est encore lui-même. Par suite, il y a au moins une vérité hors de discussion dans cet ouvrage : c’est toujours lui. Au reste, nulle part la fusion de l’histoire et du conte, de la réalité et de l’illusion ne fut plus singulière. C’est justement ce que J.-J. Weiss appelait « le don merveilleux d’inventer et mentir dans le sens de la vérité… ». Le mensonge est moins un mensonge qu’un arrangement qui altère moins les choses que les proportions, par rapport à Dumas. On met Louis Blanc à contribution pour répandre l’atmosphère vraie autour du récit. Les documents servent à planter le décor approprié. Mais dans le passage