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LE ROMAN DE L’HISTOIRE.

mettre décidément en état de juger à quel point Dumas, qui n’est pas psychologue, reflète l’âme française. Fermez-moi ces épais volumes de classifications et synthèses littéraires a priori ; et prenez en main, ayant le courage de votre plaisir, les Mémoires de M. d’Artagnan de Courtils de Sandras avec les Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas. Par ma foi, l’imagination de ces critiques ne vaut pas celle de ce romancier. Et leur esprit ne s’accorde guère : saxon et gascon ne vont point ensemble. En revanche, Dumas s’accommode fort de Courtils : ils sont français tous deux, mais d’une époque différente.

Courtils de Sandras avait suivi le courant réaliste, qui, pendant le xviiie siècle, ouvrit les voies au roman historique. « Les victoires auxquelles il nous fait assister, dit fort justement M. le Breton (Revue des Deux Mondes, 15 février 1897), sont celles que Van der Meulen a peintes…. Peu à peu le siècle ressuscite, non pas tel qu’il apparaît à travers les bienséances de la tragédie et de l’oraison funèbre, mais tel qu’il se laisse voir chez Tallemant, Retz et Saint-Simon, chez Molière et ses successeurs. » Et voilà donc un écrivain utile à consulter, qui nous révèle les dessous d’un grand siècle, les mœurs vraies de cette époque, et marque de traits précis des héros descendus de leur piédestal et dont l’individualité peut revivre dans le roman de l’histoire. Partant, Dumas et Maquet lui ont fait de larges emprunts, qu’on n’a pas assez dits, et qui offrent ce trait commun d’être caractéristiques du temps et des milieux où les trois mousquetaires, qui sont quatre,