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LE ROMAN DE L’HISTOIRE.

du dialogue — au moins dans les premiers volumes, et quand l’Homère du feuilleton n’est pas encore las de son sujet. Chicot critique avec esprit la politique d’Henri III qui pensa faire un coup de maître en prenant la tête de la Ligue. Dumas intervient aussi de sa propre grâce, quand il veut tirer à la ligne. Les personnages esquissés, le sujet situé, les passions en jeu, vous pensez lire un roman : vous lisez un drame historique et romanesque, où l’imagination se donne libre carrière et les trouvailles scéniques abondent. À nous les auberges, les abbayes, les portes secrètes et les caves richement meublées ! À nous M. Chicot, fou du roi, « qui écoute les plus graves explications politiques dans un demi-sommeil avisé, fermant tantôt un œil et tantôt l’autre ! À nous les coups de tonnerre qui accompagnent de leurs salves les coups de poignard et d’arquebuse. À nous les scènes de drame coupées par les tableaux de comédie, l’art de Goya et de Daumier, la nuit du 24 août 1572 et le charnier de Montfaucon ! À nous les routes de France et les embuscades savamment échelonnées ! Que nos pauvres globe-trotters sont mesquins auprès de ces courriers endiablés ! Le message royal parviendra-t-il au roi de Navarre ? Marie-Antoinette aura-t-elle l’œillet ? Galops, luttes, mort et sang, guet-apens, bataille, meurtre de Nicolas Flamand, adresse, souplesse, ruse, la cellule de la reine, les gendarmes, sauve qui peut ! Oh ! les beaux tours de passe-passe et les spirituels coups de théâtre !

Le pathétique allait s’éteindre et il se rallume. Le héros pensa échapper au danger et le danger le res-