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LE ROMAN DE L’HISTOIRE.

fiques exploits des mousquetaires est de défendre une cave contre des Anglais. Puis, ce sont les grandes chevauchées et les grands coups de rapière, qui mettent en valeur la force adroite et souple de l’être humain et la coquetterie de la vaillance, à la française. Dans l’action, c’est partout une aimable fureur. Tous ces viveurs montrent sans ostentation un beau mépris de la vie. Qui ne distingue sous ces couleurs vives, l’esquisse de mœurs qui furent proprement nôtres, la peinture de cette énergie passionnée qui soutient notre race ? L’épée au vent ou la main sur le cœur, ces raffinés joignent la décision au courage. Si la force n’est pas le reflet de l’intelligence, elle est pourtant belle en soi, de la beauté qui convient aux épopées ou aux romans populaires. Elle n’est pas la mesure de l’esprit ; mais elle en est parfois la source. C’est dans les pressants dangers que ces héros sont agréables à voir et à entendre. « J’aime les belles choses, moi, dit la duchesse de Guise à la reine Margot…. Au milieu des coups, des cris, je distingue enfin l’homme, et je vois… un héros, un Ajax Télamon, j’entends une voix de Stentor. » Jadis la Viriate de Corneille disait :

J’aime en Sertorius ce grand art de la guerre….
J’aime en lui ses cheveux tout couverts de lauriers,
Ce front qui fait trembler les plus braves guerriers,
Ce bras qui semble avoir la victoire en partage.

Voilà bien le héros qui mérita jusqu’en ces derniers temps l’amour des femmes de France. Rien n’y manque, sauf la voix de Stentor, encore qu’il s’agisse d’un héros de tragédie. Dans les romans de Dumas, même les mignons d’Henri III (les Qua-