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LES COMÉDIES.

qu’il y a mise ». La scène, remplie d’imprévu, se termine sur ce mot savoureux : « Une lettre de recommandation est rarement utile ; mais elle peut le devenir quand elle est bien présentée. » Enfin, s’il vous plaît d’apprendre comment on dérobe spirituellement une pendule, consultez Gabriel Lambert.

Or cet esprit n’a sa piquante saveur qu’à la condition d’être animé du mouvement de la scène. Il est comique, mais dans le feu de l’action. Détaché et comme refroidi, il perd de son prix. Un observateur n’y trouve guère son compte. Il n’y rencontre point le « sans dot » de Molière. Je consens que ces mots profondément humains sont rares, même chez les plus grands. Les mots de caractère suffisent d’ordinaire à défrayer la bonne comédie. Dumas n’en est pas prodigue ; à la vérité, il n’y atteint guère. Il nous montre des hommes qui s’agitent ; il nous peint le ridicule qui s’évertue. L’intrigue de ses comédies est de l’énergie en belle humeur. Même il arrive que dans ces combinaisons plaisantes ou romanesques l’action porte à faux. Et si Dumas se rencontre avec Scribe, on notera, au moins, cette différence que les comédies de l’un semblent toujours des drames contenus, au lieu que les drames de l’autre font l’effet de comédies qui ont mal tourné. Le premier pousse énergiquement sa pointe et va droit au but, même quand il se joue ; l’autre combine ses situations et manœuvre ses personnages dans les limites d’une vérité moyenne. Celui-ci s’arrête toujours un peu en deçà de l’opinion et côtoie l’immoralité en ménageant la morale ; celui-là s’entend mal à chiffonner la vertu, mais, jusque dans ses pièces