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Certes, tout ce que je viens d’exposer dans le cours de ce long mémoire n’est-il pas bien propre à faire réfléchir les véritables amis de notre nationalité ? Où trouverons un plus bel héritage à léguer à nos neveux ? Voilà un trésor scellé. À qui servira-t-il si, la clef en main, nous ne voulons pas l’ouvrir.

Et quelle manière plus prompte, plus économique et plus logique d’ouvrir ce pays qu’en perfectionnant les voies déjà toutes faites par la nature ?… La navigation…

Ne voyez-vous pas déjà, Monsieur le Ministre, notre population canadienne qui se presse vers Témiskaming. Ce n’est encore que la source d’un grand fleuve qui ne s’arrêtera qu’après avoir envahi tout le territoire qui l’attire.

Nous voulons tous le repatriement de nos frères. Allons-nous maintenant les arrêter en refusant de leur ouvrir la porte ? ou en différant trop ce qui revient au même.

Voici un pays riche, immense, mais il est inaccessible. On veut l’ouvrir, mais quand ?

Si c’est dans dix ans, dans trois ans même, il sera trop tard… pour nous… Nous aurons dégoûté nos compatriotes, nous n’aurons pas arrêté la place de l’émigration.

Si nous attendons un chemin de fer, d’où viendra-t-il ? De Toronto ? Qui a jamais pensé à faire passer par Toronto ou par Nipissing nos frères qui reviennent des États-Unis ?

Pour qui voulons-nous ouvrir ce pays si nous attendons pour cet effet un chemin de fer venant du Sud-Ouest. En supposant même que nos canadiens voulussent suivre cette route, ce qu’ils ne feront jamais, quand cette voie sera-t-elle ouverte ? et sans être prophète, je sais bien ce qu’elle nous amènera à Témiskaming.