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La Chasse.

Il ne faut pas non plus compter pour rien les pelleteries les plus précieuses et un autre article particulier à ces parages : je veux dire ces essaims de bipèdes emplumés qui, depuis le cinquième jour de la création ont établi ici le siège de leur empire.

C’est ici que couve la farouche outarde, l’oie, le cygne, les canards de toutes langues et de toutes tribus, la sarcelle, le pluvier, la bécasse, &c.

Il ne faut pas s’étonner de les voir par milliers fréquenter ces grèves. La Divine Providence prend soin des petits oiseaux, n’oublie pas non plus les gros. C’est sur ces plages à perte de vue qu’une table abondante et vraiment royale leur a été servie. Repas à toutes heures, mets pour tous les goûts, depuis la folle avoine et les petits pois verts, plats favoris du canard, jusqu’à l’huitre fine que déguste l’insatiable goéland.

Quand les anciens sauvages s’étaient imaginé, pour un ciel à leur façon, quelqu’immense et riche terre de chasse ; je crois qu’ils avaient rêvé aux rivages de la Baie-d’Hudson. Car, s’il existe un Paradis pour les chasseurs, ce doit nécessairement être là.

Aussi je ne m’étonne plus de ce que tous ces bons vieux bourgeois de la Baie d’Hudson une fois revenus au milieu du comfort de la civilisation, ne veulent plus goûter de repos qu’ils ne soient retournés rendre leur âme à Dieu sur les bords de la Baie-James.