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enrichir les marchés d’Angleterre, d’Allemagne et de Russie tandisque le pauvre Indien, à peine couvert des haillons qu’il reçoit en échange, traîne une vie dure, misérable et de privations continuelles. Pour se faire une idée de l’indigence de ces sauvages, il faut comme le missionnaire, chaque année, les voir errant autour des enclos de la compagnie, demi-vêtus, amaigris et décharnés par la famine et n’ayant pour s’abriter de l’intempérie des saisons que de misérables cabanes d’écorce.

Pourtant quelle belle nation que ces sauvages d’Albani. Peuple de mœurs douces, honnêtes et affables, l’intelligence se peint dans la vivacité de leurs regards et la bonté éclate sur leur visage. On ne voit parmi eux aucune figure difforme ou repoussante. Les hommes sont de taille forte et robuste, bien proportionnés. Les femmes n’en cèdent en rien à nos fières canadiennes tant pour la blancheur de leur teint que pour la régularité de leurs traits.

Ils parlent une langue expressive et harmonieuse qui se prête admirablement à la prière et au chant sacré. D’ailleurs, tous musiciens par nature et pieux par instinct, il suffit de les voir à l’église pour être édifié et touché jusqu’aux larmes.

Il y a à Albani deux belles églises en bois. Une anglicane, desservie par un ministère à poste fixe, l’autre, catholique, visitée chaque année par un Père Oblat du Lac Témiskaming, obligé de faire en canot un trajet d’au moins 600 milles, pour venir rejoindre ses chers enfants des bois. Le chemin est rude : Quelque fois la robe noire est en retard ; mais le sauvage attendra patiemment, supportant un jeûne cruel de 5 à 6 jours plutôt que de se voir privé des bienfaits de la mission.

C’est le Rd. Père Laverlochère O. M. I. qui le premier se rendit dans ces parages et fonda en 1848, la chrétienté d’Albani.

Saluons en passant le noble figu-