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que c’est à peine si l’on peut dire que la lueur du soleil disparait entièrement de l’horizon, et l’atmosphère n’a pas le temps de se refroidir suffisamment pour permettre à la givre de déployer son blanc manteau.

§V. — Rôle que jouent les eaux de la Baie-James dans la formation des terrains environnants.

Sous un climat aussi doux que l’est certainement celui de la Baie James, avec un engrais aussi riche que le limon suspendu dans ses eaux, il n’est pas étonnant que tout le littoral soumis à son influence, déploie partout une exubérance de fécondité.

C’est cette espèce de besoin que le sol a de produire dès qu’il se trouve échappé au domaine des vagues, qui fait que d’année en année la terre empiète sur le royaume liquide, et finira, je n’en doute pas, par lui ravir une immense partie de ses possessions actuelles.

Rien de plus frappant, même pour l’œil le moins attentif, que cette marche de la prairie à la conquête des ondes. Voici comment s’opère ce phénomène :

Comme je l’ai dit plus haut, une multitude de rivières tant grandes que petites accourent du Levant, du Midi et du Couchant vers le bassin de la Baie James, traversant l’immense plaine de glaise qui s’étend de la mer à la hauteur-des-terres, et apportant dans leur course furibonde non-seulement les débris des forêts qu’elles arrachent au passage, mais encore l’humus qu’enveloppait leurs racines, de sorte que l’eau en est entièrement saturée.

Or, ce travail n’a pas lieu seulement au printemps à l’époque des débâcles, qui sont terribles ; mais tout le long de l’année et à chaque heure du jour, de nouvelles cargaisons de détritus et de boue arrivent à la mer où