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et il n’en faut pas davantage pour qu’au matin vous trouviez la givre sur les branches des arbres et les cailloux du rivage. Heureusement, comme nous le dirons plus tard, que la brièveté des nuits au fort de l’été prévient ordinairement la gelée de se produire, et il est même excessivement rare de voir aucun feuillage endommagé par le froid. Ce qui n’empêche pas que le principe est là toujours perfide et dangereux et que, si de fait la végétation ne souffre aucun dommage à l’époque de son plein épanouissement, ce même épanouissement est de beaucoup retardé et quelquefois compromis.

Si la forêt n’exerce aucune influence sur le retard de la végétation, comment expliquer la floraison relativement précoce des prairies du Nord-Ouest à des latitudes plus septentrionales ?

Or, pour prouver encore plus clairement que c’est la forêt et non pas la Baie-d’Hudson qui nous gèle, je vous prie de remarquer un autre phénomène qui se passe sur la Baie James pendant l’été

D’abord, comme je l’expliquerai dans la suite, les eaux de la Baie-James sont loin d’être froides. En m’y baignant quelquefois j’en ai toujours trouvé la température plus agréable que celle du Lac Témiskaming à la même saison.

Dès qu’il s’élève un vent du Nord, au contact de cet air, les eaux de la Baie se vaporisent comme au-dessus d’une chaudière en ébullition. Naturellement le vent froid se trouve tempéré par ce brouillard qui monte de plus en plus, s’épaissit, se condense et retombe en pluie sur les forêts environnantes.

Il est bien rare, je pense, que ces trains d’orage, comme nous les appellions en plaisantant, se rendent sains et saufs jusqu’à Montréal. La plus grande partie de ces torrents d’humidité, vont s’engouffrer dans les mousses qui tapissent le fond des bois, où privés à jamais des rayons