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travaux, poétiques surtout, dont le plus important est l’Osmanide, épopée par Gundulitch.

Ce qu’avait fait Vouk pour le serbe, Louis Gaj le fit pour le croate (1831). Jusqu’à lui la littérature croate de la seconde période s’était servie de divers alphabets latins qui lui étaient mal appropriés ; il adopta celui des Tchèques, le mit d’accord avec les besoins de la langue, à laquelle il donna enfin l’unité orthographique en s’appuyant sur le principe étymologique.

De ce qui précède il résulte que la différence capitale entre les deux littératures qui constituent la langue serbo-croate réside dans l’alphabet et l’orthographe. Les Serbes emploient les caractères cyrilliques de Vouk et l’orthographe phonétique, tandis que les Croates se servent des caractères latins modifiés par Louis Gaj et de l’orthographe étymologique.

Au fond, Serbes et Croates n’ont qu’une seule et même langue dont la double littérature est le résultat de l’influence religieuse. D’un côté, l’Église catholique orientale ou grecque, représentée par les Serbes, a toujours eu les caractères cyrilliques ; de l’autre, l’Église catholique occidentale ou romaine, représentée par les Croates, a fini par remplacer à peu près entièrement les caractères glagolitiques par les caractères latins. La littérature laïque a cédé à cette influence.

N’oublions pas de dire que, depuis la première édition de cette grammaire, le serbo-croate est entré dans une large voie de progrès, et qu’il se produit, de nos jours, une tendance à l’unification aussi complète que possible de la langue.

Vouk, en réformant l’alphabet cyrillique, a trouvé un signe pour chaque son, alors que Louis Gaj, avec l’alphabet latin, a dû recourir parfois à la combinaison