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deux alphabets cyrillique et glagolitique. Son histoire est intimement liée à l’histoire religieuse des Slaves du sud du Danube ou Iougo-Slaves.

Le christianisme a pénétré chez les Croates peu après leur arrivée dans le pays qu’ils occupent (vers 630), et même de deux côtés à la fois, de l’Italie et de la Dalmatie, si bien qu’il était déjà chez eux la religion dominante à la fin du viie siècle.

Les Serbes, quoique plus éloignés, subirent l’influence chrétienne presque en même temps que les Croates ; mais, la pression étant moins directe, le christianisme latin y prit de moins profondes racines. Aussi, après la fondation de l’État serbe par le grand Joupan Stéfane Némanya, lorsque son fils Sava organisa l’Église nationale selon le rite oriental, vers la fin du xiie siècle, il ne lui fut pas difficile d’effacer les traces du christianisme latin venu de l’Occident.

Il reste peu du paléoslave pur comme langue littéraire. Toutefois il est permis d’avancer qu’il se conserva pur dans la littérature jusqu’à la fin du xe siècle. À partir de là, les trois branches slaves orthodoxes (Serbes, Russes et Bulgares), en écrivant le slavon, y ont sans cesse mêlé des éléments de leur langue respective. Il en est résulté ce que l’on peut appeler les langues slavono-serbe, slavono-russe et slavono-bulgare.

C’est ainsi que, du xie siècle jusque vers 1730, époque de l’introduction du slavono-russe, tous les livres serbes ont été écrits en slavono-serbe, langue dont les plus anciens représentants — trois diplômes de rois serbes — datent du xiie siècle, et dont la littérature religieuse est très riche, tant en manuscrits qu’en livres imprimés. L’imprimerie était en effet à peine inventée, que paraissaient en slavono-serbe, à Venise (1493) un livre