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et opuscules

un sac bleu et son adversaire n’a pas le temps de citer une décision qu’il en sort une autre de son sac qui dit tout le contraire.

Les jurés, ceux surtout qui n’ont pas l’habitude de la chicane passent un mauvais quart d’heure.

On les fait aller et venir, se lever et s’asseoir comme des automates.

« Monsieur un tel, » glapit l’huissier. Monsieur un tel se lève et s’avance timidement… « Stand aside ! » crie impérieusement l’avocat sans même tourner la tête.

Le juré s’arrête interdit, sans comprendre, demande des explications à un assistant, en est empêché par un formidable « silence » que lui lance l’huissier sévère et solennel, et il s’en retourne confus.

Lorsqu’enfin on les a mis dans la boîte tout ahuris, la scène change ; les avocats se montrent pleins d’humilité devant eux, leur déclarent qu’ils sont les hommes les plus intelligents qu’ils aient jamais rencontrés, qu’ils remplissent les plus hautes fonctions.

Les témoins sont fort malmenés.