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lettres

« Quel drôle de pays ! Il n’y a seulement pas de clôtures de lignes. »

Les règlements municipaux sont lettre morte pour eux ; ils marchent aussi bien sur le trottoir que dans la rue.

Quelques*uns pénètrent, toujours avec la même solennité, dans les magasins, au grand effarement des commis.

Les moutons sont les plus intéressantes de ces victimes avec leurs yeux doux et inconscients, et les plus amusants sont les cochons, gras comme des gens en place. Sous les bourrelets de graisse pétillent leurs petits yeux farceurs. Ce sont des malins. Ils se doutent du sort qui les attend et font du tapage en conséquence.

Pâques n’a plus l’importance de jadis. J’imagine que nos grand’mères n’avaient pas les grâces frêles de nos jeunes filles. Nos aïeux avaient la poitrine plus large et les mâchoires solides. À Pâques, ce devait être des repas rabelaisiens après le long jeûne de quarante jours. Depuis qu’on a amoindri le carême, Pâques a perdu de sa splendeur.