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contentements, des querelles ; il faudra faire des concessions afin de trouver le bonheur et le calme de la vie de famille.

Quelques heures après, l’engin du train jette un cri strident et vous emporte vous et votre compagne.

C’est le voyage de noce.

Comme c’est la première fois que vous faites un voyage de noce, surtout si vous avez toujours été célibataire, vous avez l’air empêtré. Vous essayez en vain de dissimuler au regard votre qualité de nouveau marié.

L’observateur le plus superficiel vous devine. Tandis que l’homme marié depuis deux ou trois ans qui voyage avec sa femme dans le même wagon que vous, ne s’occupe que de lui, tire d’un porte-manteau un chapeau mou, le plus commode pour dormir, allume son cigare et passe dans le wagon des fumeurs, vous restez avec votre femme et vous vous trahissez par vos regards et vos attentions.

Votre femme vous trahit aussi. Elle rougit quand le conducteur l’appelle « madame » toute