chemin où ils trottinaient sur leurs jambes grèles d’un air ahuri.
À une lieue de Roberval, les sauvages sont campés, près d’une petite église.
Ce sont des Montagnais.
Ils vont demeurer là un mois pour s’enfoncer ensuite au sein des forêts encore incultes où ils passeront l’hiver vivant de chasse et de pêche. Il paraît qu’ils ne souffrent pas trop du froid en hiver quoiqu’ils vivent entourés d’un terrassement de terre et de sable.
Plusieurs femmes, dont quelques-unes, les plus jeunes, fort belles, avec leurs joues rondes d’un brun doré et leurs yeux noirs, très grands, qui vous regardent avec indifférence, bercent de jeunes enfants dans des berceaux d’écorce de bouleau, suspendus par des courroies.
La plupart, vieilles, brisées et courbées par le travail, sont assises sur leurs talons, à la porte des tentes, dans une pose de sorcière, et fument, leurs figures ravagées, aux yeux éteints, appuyées sur une main sèche et noire.
Quelques Français demeurent à Roberval :