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tous vos actes, toutes vos paroles sont observées et commentées ; c’est assommant. Si, pour éviter cet inconvénient, vous allez demeurer à une lieue du village, vous n’avez personne avec qui vous pouvez sympathiser. Nos paysans sont souvent intelligents, mais ne parlent que de ce qu’ils connaissent : culture et engrais. Cela vous ennuie, vous qui distinguez difficilement un champ d’avoine d’un champ de blé.

Voulez-vous causer d’une manière passable en fumant votre pipe, vous n’avez qu’une ressource. Vous faire rompre les os, une heure durant, dans un affreux et dur cabriolet, afin de rendre visite au notaire du village.

Il est vrai qu’à nos places d’eau, on est plus à notre aise. Parmi les endroits de ce genre, la Malbaie est le plus joli. Je ne suis pas de l’avis de M. J. M. Lemoine, l’écrivain le plus extraordinaire du Dominion, qui n’a vu à la Malbaie que « précipices sur précipices, gorges impénétrables, pics qui se perdent dans la nue où grimpe l’ours noir en quête de bluets. »

Ce sont les ours que je plains le plus dans cette affaire. Après avoir grimpé si haut pour