Page:Paquin - Le paria, 1933.djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Étendu sur le lit, la tête seule émergeant des couvertures, il commença à sentir l’effet de la chaleur et de la boisson qu’il venait de prendre.

Son corps frissonnait moins ; ses dents claquaient moins.

Il put reconstituer les faits. La veille au soir, après avoir marché tout le jour dans la pluie tombante, il s’était senti indisposé, mal en train. Après une nuit d’un sommeil agité, il éprouvait ce matin, en se levant, des lourdeurs dans chaque membre et une oppression à la poitrine.

Il résolut quand même de se mettre en route, croyant que le malaise disparaîtrait. La pluie tombait toujours, imprégnant ses vêtements. Des flaques d’eau se formaient sur la neige, et, quand il avait passé, il voyait la trace fraîche de ses raquettes se dessiner toute humide sur le sentier.

La transition brusque de la température l’avait saisi. Il s’était senti faiblir. Arrêter, se reposer, il ne le pouvait pas ; c’était s’exposer à un danger plus grand encore. Il ramassa ses forces, ce qui lui en restait, et continua d’avancer, chancelant, titubant, dévoré par la fièvre.