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d’alcool, puis, se baissant au ras de terre, il le chargea sur ses épaules comme un colis et retourna, dans le vent et la nuit, vers la chaleur bienfaisante de la cabane.

Le vent le fouettait, le cinglait, le mordait.

Éperonné par la nécessité, il n’éprouvait ni fatigue, ni froid, et marchait à grandes enjambées.

Une lumière apparut comme un phare dans la tourmente : la lampe qu’il avait déposée sur le rebord de la fenêtre.

Il hâta le pas, stimulé par le but entrevu.

Joseph grelottait ; ses dents claquaient.

La porte franchie, il le déshabilla, l’enroula dans les couvertures, activa le feu.

— J’ai fret… j’ai fret partout…

Jacques examina le flacon d’alcool. Il en restait une goutte. Il fit chauffer de l’eau et en prépara une ponce.

Joseph prit le bol dans ses mains tremblantes, le porta à ses lèvres et d’une traite, en avala le contenu.

— Viens, j’m’en vas te coucher.